Dans nos ruminations sur nos vies, nous arrivons souvent à une sorte de conclusion : "ok, je ne veux plus rien attendre". Ne plus avoir d'attentes dans ces rencontres amoureuses qui se terminent mal, ne plus avoir d'attentes de ce/cette collègue qui ne collabore pas, ne plus avoir d'attentes à l'égard de la famille qui me fait mal... Cela sonne comme une bonne résolution que nous formulons, et la phrase, magique à elle seule, doit supprimer les dites attentes dès qu'on prononce "je ne veux plus attendre que..", "je me libère des attentes". L'intention est intéressante, mais elle reste incomplète à elle seule.
N'est-il pas légitime d'attendre de l'amour, du respect, de la bienveillance? Est-ce trop demander que nos proches pensent à nous avec amour?
C'est que, derrière nos attentes, se cachent nos peurs et nos parts blessées. Et ce sont elles qui formulent des attentes, qu'elles déposent au mauvais endroit de surcroit. Pour ma part, je ne suis pas si mal à l'aise de m'entendre formuler des attentes, mais avant de les adresser à l'autre, je me les adresse à moi-même. Si ma demande, mon attente est que l'autre répare ma blessure de rejet, ma blessure d'abandon, si j'attends que l'amour de l'autre comble la part de moi que je n'arrive pas à aimer, alors mon attente est illégitime. Ce n'est pas la mission de l'autre de faire le taf, c'est mon job à moi. Si l'autre active cette part blessée chez moi, c'est qu'elle est surtout activée par moi au premier plan, mon égo souhaitant encore une fois rejouer le vieux scénario qui vient me conforter dans certains de mes échecs. "Personne ne voudra de moi", "c'est normal que cela ne fonctionne pas", "j'ai toujours été en marge de", "ils n'ont jamais souhaité m'intégrer"... Ces phrases assassines qui ferment le débat et qui maintiennent l'égo triomphant, car lui, le changement, il n'aime pas. Pour garder le podium, ses ruses sont nombreuses, il suractive notre mental et nous déployons des encyclopédies d'arguments imparables. Quand nous sommes là, dans notre toge d'avocat entrain de plaidoyer, c'est que nous nous mettons au service de notre égo, même si nous nous sommes convaincu.e.s de l'avoir déjoué. A tous les coups, nos attentes, notre dépôt de plainte ne se fait pas au bon endroit, autant se l'avouer : notre avocat intérieur est nul. D'ailleurs, très souvent, ces formulations de non attentes ne font que renforcer encore un peu plus notre attente d'une réparation, l'injustice est trop grande, nous demander de ne plus tomber amoureux, de croire que nous ne sommes pas désirables, de ne plus vouloir faire partie de la famille, de considérer l'échec comme normal est intolérable! Qui va enfin voir ce qui se passe et où est le preux chevalier ou la dame justice qui viendra remettre les choses à leur juste place? Et bien.... Cette personne c'est nous. Mais pas dans notre tête, cet avocat là ne sert pas les bonnes causes, c'est l'avocat sans scrupules qui se met au service des malfaiteurs sans trembler des genoux. Descendons dans notre cœur. Lorsque nous parvenons dans notre cœur, qu'on plonge dedans, qu'on accepte de l'ouvrir et d'être baigné par sa lumière, alors de nouvelles réponses arrivent. Notre cœur n'a pas besoin de toge d'avocat, il n'a pas besoin d'artifices, il n'a même pas besoin d'argument ou de grand plaidoyer. Dans notre cœur nous pouvons nous connecter à une force et un amour tellement grand que cela balaie tout le reste. Il nous permet de nous voir avec amour, nous aider à refermer les plaies, nous apporte confiance et réconfort et nous n'avons plus besoin d'aller déposer nos attentes ailleurs, elles se fondent ici dans un amour tellement grand qu'elles ne trouvent plus de raisons d'être formulées, elles sont comblées avant même d'être exprimées. Cette rencontre touche au sublime, c'est la rencontre du divin. Et cela n'est pas "que des mots", cette rencontre existe, et cette expérience est accessible à tous. Nous cheminons à notre rythme et la palette d'outils pour mener cette exploration du cœur est large. Si je pense à titre personnel qu'une psychothérapie est un de ces outils, je pense néanmoins qu'il est précieux d'y adjoindre un travail énergétique. Sans quoi l'expérience pourrait ne se passer qu'au niveau du mental, alors que l'expérience se vit dans chaque cellule du corps, des corps subtils. Mon invitation est de ne pas laisser nos égos nous empêcher de vivre cette expérience. Certain l'atteindront d'un coup, pour d'autres, comme c'est le cas pour moi, c'est une plongée progressive, je n'ai pas un seul "grand flash" à partager mais une foule d'étincelles qui s'amplifient et qui libèrent les différentes couches d'égo et me plonge un peu plus dans le cœur.
Ce matin, au réveil de cette nuit de nouvelle lune, je me sens bénie, je me sens liée et fondue dans le cosmos, je suis dans ce cœur, dans le divin et c'est d'une grande beauté et plénitude. Douce journée à vous belles âmes!
(aquarelle d'Annie Dussart)
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