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Préférez-vous le lâcher-prise ou l'abondance? Quelle différence?

Comment résonne le lâcher prise en vous?

Pour ma part, pendant longtemps, cette phrase avait quelque chose d'insupportable à mon oreille. Pour les personnes souffrant des blessures d'abandon et de rejet (c'est mon cas), le lâcher-prise prend des allures de gouffres vertigineux, de puits sans fond. L'image qui me venait, c'était moi, au bord d'une falaise, et le mot "lâcher-prise" me donnait l'impression de devoir lâcher la falaise du bout des doigts et de sombrer dans les abysses. Mais pourquoi diable ferais-je un truc pareil? Bien au contraire! Je rassemble mes forces pour garder mes doigts bien accrochés à la falaise!


Mais qu'en est-il alors? La situation reste "sur le fil", je ne peux pas me ramener sur la falaise uniquement à la force de mes doigts et je sais que je ne pourrais pas tenir indéfiniment non plus. Mais je n'y pense pas vraiment, je suis bien trop occupée à tenir. Magnifique paradoxe, empêchée de profiter de l'instant présent (comment savourer cette posture de bord de gouffre?) pour un futur plus clément. Et comment pourrait-il l'être au vu de la situation?


Bien sûr, par cette détermination, je découvre à quel point j'ai de la force et une énergie insoupçonnées pour "tenir bon". Et, résister, devient ma nature première. Toute mon énergie est absorbée par cet unique but. Je mets en veille tous mes besoins, je n'écoute plus rien de ce que mon corps ou mon cœur me disent, je suis dans une lutte qui demande que mon mental soit fort, j'ai intégré l'idée (fausse) que c'est un mental fort qui me permettra de réussir. Mais réussir quoi? A tenir la falaise du bout des doigts quelques temps encore.

Et je me sens encore un peu plus coincée. L'idée de tomber sonne toujours comme insupportable, évidemment. Je pense même me résigner en me persuadant que c'est au final ça la vie d'adulte et que je n'ai pas à me plaindre. Après tout, mon bout de falaise est bien situé, je sais à quel point les corps suspendus que je perçois ici et là ont des conditions encore bien plus compliquées que la mienne.


Pour ma part, en 2016, une partie de moi a néanmoins envie d'autre chose, construire une échappatoire. Je me lance dans des cours de méditation. Et ce fut difficile. Très difficile, cela a révélé mes distorsions. En parallèle, je relance un accompagnement psychothérapeutique. Et 3 ans plus tard, je m'effondre, mes doigts lâchent. Et ils lâchent encore. Sur le moment, je suis convaincue de sombrer dans l'abysse tant redoutée. Je fais un burn-out. Mes souvenirs sont flous, je relance encore une autre forme de psychothérapie ayant arrêté la précédente, je réalise que je parviens à vivre malgré la très maigre allocation mutuelle qui m'est octroyée (mon statut de l'époque dans l'enseignement est tellement précaire que tout vole en éclat). Cet effondrement prend des formes différentes pour chacun.e qui passe par là. Quelle que soit la forme, la peur de sombrer, le monde qui s'effondre sont pourtant les dénominateurs communs.


Ce qui se passe alors à l'intérieur de moi est une révolution. Si le monde que je m'étais construis vole en éclat, je découvre cependant une réalité très différente de tout ce que je m'étais imaginé. Et cela concerne ma rencontre intérieure. De ne plus être uniquement accaparée par l'énergie à mettre dans mes doigts pour tenir la falaise, je découvre tout un tas de sensations nouvelles. Je découvre mon corps, je découvre mon cœur, je découvre au fur et mesure ma créativité, ma souveraineté, mon "êtreté'.


Je découvre alors une forme d'abondance mais à l'époque je ne le savais pas encore.

Le lâcher prise n'est pas relié au vide tel que le supposais, que je le craignais. Le lâcher-prise concerne le fait d'accepter de lâcher les masques auxquels on s'accrochait. Et cela fait mal. C'est aussi accepter d'avoir en réalité les deux pieds sur terre. Le gouffre n'a pas existé, les pieds étaient bien à terre mais le cerveau envoyait des "fake news", des fausses infos tout du long. C'est comme enlever la cagoule qu'on avait sur la tête et de réaliser que notre mental nous a dupé, qu'on a été kidnappé en quelque sorte.


Ce n'est pas une chute, c'est une libération.


L'abondance vient ensuite, l'abondance est de réaliser qu'on a tout à l'intérieur de soi. On pense souvent que l'abondance vient de l'extérieur, que c'est un ticket de loto gagnant qui nous tomberait dans les mains. Le ticket de loto est déjà là, en nous. C'est pouvoir réveiller le héros/héroïne, le dieu/déesse qui sommeille en nous, de renouer avec des supers pouvoirs qu'on ignorait avoir. Lorsqu'on prend conscience de cela, alors, l'abondance se manifeste. Parfois timidement, parfois de manière flamboyante. Cela peut prendre un peu de temps ou cela peut être foudroyant.


Si le lâcher-prise vous effraie, si la peur de vous perdre vous étreint, c'est que ce sont vos blessures qui parlent, elles résistent à votre transformation. Votre mental ne veut pas perdre la gouvernance, il veut garder l'emprise.


Le mot "lâcher-prise" est à la fois très juste mais l'image que ce terme suppose est incomplète. Elle n'est que l'étape préliminaire, nécessaire, à la découverte de notre vraie nature. Les abysses ne sont pas là où on le pense. Et notre énergie est encore plus forte lorsqu'on décide nous débarrasser des masques et des peurs. Vous savez pourquoi?

La dépense d'énergie demandée pour résister et tenir bon nous épuise car cela nous fait aller à contre courant. Mais lorsque nous cessons de lutter, non seulement on ne gaspille plus notre énergie mais en plus on profite de celle que le courant nous offre. Et c'est là que nous avons alors la liberté de goûter à l'abondance.



Photo : Shunyata - Edith Decraen - Gesves août 2020



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